Jung Su avait été de garde cette nuit à l'hôpital, heureusement, la nuit avait été plutôt calme. Il était rentré chez lui aux alentours des 6heures et était allé directement se coucher. Mais comme toujours, il s'était réveillé quelques heures plus tard, après avoir fait un cauchemar. C'était toujours le même cauchemar qui revenait en boucle, il n'en pouvait plus, mais ne pouvait rien contre, Jung Su était probablement condamné à subir ça jusqu'à la fin de sa vie. En se levant, il avait mal au crâne, il se dirigea dans la salle de bain et fouilla dans un placard pour y trouver une boîte d'aspirine. Il se dépêcha d'avaler son cachet, puis analyse son reflet dans le miroir. Il a des cernes très marquées et le teint très pâle.

Comme pour se débarrasser de ce mauvais rêve qui lui colle à la peau, il sauta dans la douche et se laissa purifier par le liquide chaud qui coulait sur sa peau. C'était une sensation agréable, il se sentait bien et détendu. Mais il ne pouvait pas trop s'attarder, il devait rapidement se préparer, en début d'après-midi, il avait invité un jeune homme à passer chez lui. En général, peu de personnes avait l'autorisation de rentrer chez lui, mais il devait vérifier quelque chose et s'était dit que c'était surement le meilleur moyen de découvrir ce qu'il voulait savoir. Jung Su se sécha rapidement, puis enfila une tenue d'intérieur très confortable, un jogging en molleton gris et un t-shirt blanc. Il ne faisait pas négliger, mais ce n'était pas non plus recherché. A cause de la fatigue qu'il accumulait, il avait tendance à être un peu frileux, il enfila donc un gilet simple noir et se dirigea vers la cuisine pour manger un morceau avant que son invité n'arrive.

Pendant qu'il préparait la verveine avant que le jeune homme n'arrive, il jeta un coup d'oeil circulaire dans son salon. Son appartement n'était pas très grand, ni très luxueux, ce qui cassait un peu le mythe du docteur gagnant très bien sa vie et qui aime le montrer aux autres. Mais, ça suffisait largement à Jung Su, qui vit seul de toute façon et il ne compte pas vraiment passer sa vie à HaeNam, il espérait pouvoir rentrer un jour sur son Île qui lui manque tant.

Jung Su avait parfois l’impression d’être un espion, ou quelque chose comme ça. Il cacha une arme à feu dans le fauteuil où il allait s’asseoir, en ayant pris soin préalablement d’enduire les balles d’essence de verveine. Avec le temps, il avait appris à décliner la verveine sous toutes ses formes. Il savait en faire un liquide très concentré qu’il utilisait pour enduire balle, couteau et parfois même sur les pieux en bois pour être sûr de faire mouche. Il en mettait également souvent sur ses mains afin de tester la réactivité des gens qu’il croise. Il disposa quelques bougies à la verveine dans son salon, en quelques minutes, l’air se retrouva chargé de particule de verveine. Alors qu’il finissait les derniers préparatifs, on sonna à la porte. C’était surement Jun. Il mit un peu de verveine liquide sur ses mains, puis alla ouvrir la porte.

- Bonjour Jun ! Tu vas bien ?

Il passa sa main sur bras comme pour le saluer, mais il fut surpris lorsqu'il vit que Jun ne réagissait pas au contact de la verveine. Malgré le manque de réaction, il n'était toujours pas sûr que ce jeune homme était bien un humain, alors il devait prendre le risque de le faire rentrer chez lui.

- Vas-y rentre, je t'en prie. Ne regarde pas trop le désordre et installe toi à ton aise.

Encore une nuit de service au bar café. Je les enchaînais et je ne sais pas si j'allais tenir encore très longtemps. Heureusement que je pouvais chanter pendant la soirée. Le bar était un endroit calme, plutôt posé. Loin de tous ces bars fréquentés par des jeunes en manque d'alcool ou voulant se rendre 'bien' pendant une soirée. Ma musique douce et ma voix chaleureuse correspondaient aux couleurs beige et ivoire de l'endroit. La plupart des clients du café étaient des entrepreneurs, docteurs ou personnes assez aisées financièrement. Quelques jeunes filles ou jeunes tout court venaient ici pour parler calmement. J'espérais toujours qu'un jour, dans cette salle, soit assis un producteur de musique et qu'il me repère. Enfin, cela n'est qu'un rêve pour le moment.

Je rentrais chez moi, épuisé par les clients très présent en ce début de week-end. Je pris le métro puis un autre, marchais un petit peu et arrivais à mon petit apparemment de vingt mètres carré, suffisant pour un étudiant seul n'invitant que très peu de personnes. A peine arrivé, je retirais mon pantalon sombre et ma chemise et filais dans mon lit. Je m'y avachis et en une minute montre à la main, je m'endormis comme une masse, allant rêver de mes plus profonds rêves.

Je me réveillais durement à cause d'un rayon de soleil arrivant droit sur mes yeux. Je soupirais. Encore une fois, j'avais omis de fermer les rideaux. Idiot. Je ne risque pas de faire la grasse matinée si j'oublie à chaque fois. En traînant des pieds, je me levais et partis dans la cuisine pour petit déjeuner. Trois brioches, un pot de confiture et un verre de jus d'orange plus tard, la salle de bain m'appartenait. Dans quelques heures, j'avais rendez-vous avec un homme agréable, certes plus âgé mais je m'en fichais. Je parle à beaucoup de personnes plus âgées que moi et je trouve cela reposant. Je préférais. Je m'habillais de manière simple et décontracté tout en gardant un certain niveau de classe. Je ne veux pas non plus passer pour un adolescent retardé.

Je pars de chez moi en sautillant pour aller rejoindre le lieu de résidence de l'homme. Je marche tranquillement du beau temps ambulant qui règne dans la ville. J'arrivais bien vite chez Jung Su et actionnais la sonnette. La porte ne tarda pas à s'ouvrir et je fis un sourire à l'homme qui me salua d'une main sur le bras tout en m'invitant à faire comme chez moi. Je lui souriais de plus belle tout en lui répondant.

« Ah non, je ne pourrais pas faire comme chez moi tout de suite. Tu restes mon aîné quand même ! »

Je rentrais un peu plus dans son chez lui, regardant un peu le décor de l'appartement. Oui, je suis curieux mais j'aime voir dans quoi habite les personnes que je connais. Je décidais de quand même m'asseoir sur le canapé, histoire de ne pas rester debout. Mon service avait fait forcé mes jambes, un peu trop à leur goût.

« Dis donc, c'est quoi l'odeur de fond chez toi ? Ça me dis quelque chose mais je ne retrouve pas quoi ! »

Je plissais le nez, essayant de retrouver l'odeur que je connaissais, j'en étais sur.